D'une façon générale, on estimait que la sécurité intérieure de l'Algérie reposait sur l'efficacité de la police. Celle-ci était généralement remarquablement renseignée grâce à un réseau étendu d'informateurs. Si la police ne pouvait suffire, l'armée d'Afrique, dont les garnisons quadrillaient l'ensemble du territoire, serait capable, s'il le fallait, d'intervenir rapidement et énergiquement comme elle l'avait fait en 1945.
Du moins, c'est ce qu'on croyait généralement. Seuls, quelques pessimistes, retour d'Indochine, estimaient que la guerre révolutionnaire requiert des moyens militaires nouveaux et s'inquiétaient de l'état de l'armée et de l'encadrement du bled algérien. Dans l'ensemble, les autorités militaires responsables envisageaient l'avenir avec confiance. Personne, à ce moment, n'imaginait que la situation fût si près de se dégrader définitivement, ni surtout que la répression, tant à cause des procédés nouveaux employés par les révolutionnaires, qui avaient su tirer les leçons de l'échec de 1945, que de l'impuissance résultant pour les forces de l'ordre du retour à la législation du temps de paix, fût si longue, si douloureuse, si coûteuse et, finalement, si vaine.